1 septembre 2020

Est-on trop critique envers le football français?

« Est-on trop critique envers le football français ? ». Si cette question de France football est simple, la réponse ne l’est pas autant. La mienne aura eu besoin du dénouement de la ligue des champions 2091-2020 pour clore.

Dès l’abord, je pense comme beaucoup d’autres observateurs, que le football français a une réputation que vous n’ignorez pas non plus : celle de révéler les futurs gagnants de la ligue des champions. Drogba, Ronaldinho, Yaya Touré, Thierry Henry, Zidane, ont tous gouté aux délices de la Ligue 1, mais c’est à l’extérieur qu’ils ont été sacrés champions d’Europe avec leur club respectif.

L’exemple le plus récent reste désormais le jeune Kingsley Coman. C’est un produit parisien, mais c’est avec le Bayern qu’il est unique butteur de cette finale de la ligue des champions. On a même l’impression que la Ligue 1 inculque à ces grands, les bases du succès avant qu’ils n’aillent servir concrètement ailleurs.

Les succès locaux ne pèsent pas à l’extérieur

Et quand bien même la Ligue 1 leur permet d’enchaîner des succès, on se rend finalement compte que ce n’était que de faux tests. Parce qu’une fois en compétition européenne l’inefficacité de ses clubs se révèle. La preuve la plus probante reste ce PSG avec au recto, un chapelet de succès local. Le verso, nous le connaissons tous. C’est une suite d’échecs auréolée même d’une « remontada »,

Ce nouveau mot emprunté de l’espagnol, est carrément devenu la plaie incurable des Fans. Devrait-on en vouloir au PSG ? Je crois bien que non. Il faut plutôt s’en prendre à un système bien caractérisé par un football victime de ses propres limites. Tel un véhicule affichant 100 km/h ; le PSG ne peut atteindre les 120 km/h que lui exigent les supporters. Il est tout simplement limité.

L’alchimie conduisant à la victoire européenne ne naîtra pas du changement à tout va de coachs. Elle ne viendra pas  non plus du non respect officieux du fair-play financier. Le Bayern a juste eu besoin d’un effectif de 95 million d’euros environ pour remporter ce que le PSG cherche à coût de milliards. L’ironie est que Neymar jr coûte plus que toute l’équipe du Bayern. Voyez-vous, le FC Liverpool a connue sans fêlure Jürgen Klopp et le Real de Madrid a marché avec Zizou dernièrement. Le point commun avec ces deux managers, c’est qu’ils ont ramené chacun à son président et sa fédération, la coupe aux grandes oreilles.

Klopp et le champion du monde 98 ne sont pas devenus vainement forts en finale de C1. Leur force a été le fruit de rudes affrontements hebdomadaires. Je parle ici des batailles que leur offraient d’un côté Man City, Chelsea, Manchester United et de l’autre côté, le Barca, l’Athletico de Madrid, etc. Plus illustratif, ce sont les mêmes qu’ils affrontent en championnat national qu’ils retrouvent presque en Ligue des champions.

Pas que le PSG à indexer aujourd’hui

Pour ne pas donner l’impression d’illustrer mon raisonnement qu’avec le cas « PSG », j’ose ici indexer l’équipe nationale de France. Les Bleus n’ont pas plus de difficultés que les clubs français. L’euro, ils l’ont, et la coupe du monde s’illustre avec une deuxième étoile sur le maillot tricolore. Le sacre de 2018 est encore une preuve que le succès du football français viendra de l’imitation des autres championnats. N’golo Kanté,  Umtiti, Griezmann, Pavard et autres, ont apporté cette chose venue d’ailleurs. Ce qui a sans doute contribué à la gloire des Bleus en Russie.

Didier Deschamps l’a compris; lui qui a eu la chance de jauger le niveau de compétitivité de la Ligue 1 en allant jouer ailleurs, en Italie (Juventus : 1994-1999) puis en Angleterre (Chelsea : 1999-2000). Très perspicace le sélectionneur des Bleus a accepté ces talents de l’extérieur qui se sont imposés à lui. Et nous savons à quoi ressemblent certaines de ses compositions durant cette 21ème édition de la coupe du monde. Face à l’Argentine de Lionel Messi, le football français a triomphé et a mérité nos applaudissements. Mais c’était avec un seul joueur de Ligue 1(Mbappé) sur les onze titulaires.

Vicente del Bosque et son staff de 2010 n’ont pas pu produire cette particularité hors pair. En Afrique du Sud, ils se sont contentés de gagner, rien qu’avec les locaux. «C’est la Catalogne qui a gagné la Coupe du monde (2010), pas l’Espagne. L’équipe a gagné avec dix joueurs du Barça» , s’amusait à dire Eric Cantona, aux journalistes de l’Equipe.

Ceci pousse à réitérer que « Russie 2018 », c’était une équipe forte dont le succès est construit aussi par les apprentis de la Liga, de la Premier league, et sans oublier le soutien d’une certaine frappe allemande signée Benjamin Pavard.

Cette performance de Lyon et du PSG ne redore pas le blason

La présence du PSG et de Lyon en final 8 de la ligue des champions n’était qu’une page vierge. Ces deux clubs tenaient là une opportunité pour nous écrire une nouvelle histoire du football. Le premier qui, s’est égaré depuis dans le labyrinthe des échecs a pu profiter d’une compétition revue à la baisse en raison de la pandémie du corona virus pour être en final. Et le second malgré la hargne qui l’a fait briller face à la vielle dame de CR7, ou encore devant l’escouade Citizens, n’a pas pu voiler longtemps ses limites devant les Bavarois.

C’est donc la question des limites évoquée supra qui revient. Et elle contribue largement à l’existence de cette avalanche de critiques constructives. La prestation du PSG (représentant du football français) en cette finale de C1 face aux Allemands en mérite bien sûr une. Même si, je le réitère, la faute n’est pas totalement parisienne. Elle est le résultat des efforts consentis à savourer les victoires contre Dijon, Amiens, Nîmes. Et par ricochet l’efficacité fulgurante du Bayern a fait mal.

En moins de dix ans le club du RB Liepzig a pris son envole depuis la 5ème division allemande pour atterrir en demi-finale de ligue des champions. La chance ? Oui j’en suis persuadé. Sauf qu’il faut avouer que la seule chance de ce jeune club, est de jouer en Bundesliga, où de véritables gladiateurs l’ont préparé à la C1.

Si le PSG, champion emblématique de France, se contente juste d’une place de finaliste pour ses 50 ans ; c’est que la Ligue 1 même peine à se tailler une crédibilité. Et dans cette configuration, les critiques seront toujours au rendez-vous et vont même fulminer pour permettre au football français de gagner en notoriété sur la scène européenne.

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Commentaires

Mike
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Super tout simplement

OmonJames
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Merci pour le temps consacré à la lecture de cet article.

Quenum
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Très pertinente argumentation avec des exemples non discutables. Un scanage du football français

OmonJames
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Merci cher Monsieur Quenum.

Halidou
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Rien n'a ajouter vous avez décrit la ligue 1 et son système qui ne fait pas avancer les clubs français au niveau européen et national aussi