Le Covid-19 et ses 3 impacts majeurs sur la société égyptienne

Article : Le Covid-19 et ses 3 impacts majeurs sur la société égyptienne
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12 octobre 2020

Le Covid-19 et ses 3 impacts majeurs sur la société égyptienne

La pandémie de Covid-19 fait de moins en moins peur en Egypte. Commerces, mosquées, cafés et bars-chicha s’ouvrent désormais à des heures réglementées et avec certaines restrictions. Mais la société égyptienne ne reste pas indemne des impacts qu’il a apporté…


La vie reprend son cours au pays des pharaons, après des mois de confinement partiel [couvre feu entre 18h et 05h du matin]. Le Caire retrouve petit à petit son empreinte de capitale bruyante et surpeuplée malgré l’esprit timoré de certains. Loin de deviner un « après Covid-19 », les Cairotes s’adaptent déjà à trois changements brusques dans leur quotidien.

Le télétravail gagne du terrain

Pour beaucoup d’entreprises de la capitale égyptienne, le « télétravail » est l’un des moyens les plus efficaces pour ne pas perdre de l’argent. Ce mode de travail trop méconnu avant la pandémie, a finit par gagner du terrain. Dès le début de l’explosion du Covid-19, certaines entreprises n’ont pas eu le choix que de faire travailler une partie des employés depuis leurs domiciles.

En effet, le couvre feu rigoureux empêchait, d’une part, certains travailleurs nocturnes, de se rendre à leur lieu de travail et d’autre part, les travailleurs aux heures classiques, de retourner chez eux à partir de 18h. « Avec le couvre feu, c’était dur. Il fallait soit faire dormir nos employés dans les bureaux, soit trouver le moyen de les faire travailler sans être présents », se rappelle Yassir, un manager des ressources humaines d’un centre d’appel au Caire.

C’est l’élément qui a enflammé l’imagination de plusieurs entreprises. Des centres d’appel et certaines entreprises de télémarketing sont en premier plan avec des couleurs de réorganisation. « Ça a été un grand défi pour les débuts. Il fallait en envoyer certains à l’hôtel, faute d’un bon débit d’internet chez eux, et en suite doter le domicile d’une majorité d’employés d’ordinateurs adéquats pour ce genre de travail », précise Yassir.

Si les entreprises sont sous l’emprise de la réorganisation, les employés eux, apprennent une nouvelle vie et d’autres codes de travail. Et au bout des lèvres, c’est le mot « pression », qui illustre des points de vue bien contradictoires. Pendant que Marouane dit allégrement que : « je travaille sans pression, loin des regards de mon superviseur et c’est ce que j’aime dans le télétravail » ; son collègue Joseph contre-attaque : « le télétravail me rend moins performant, et ça fait monter la pression. Loin du patron, je suis plus que contrôlé. Un petit souci avec l’ordinateur ou internet sera pris pour ma faute. Ils ne vont pas forcément me croire ». Tous deux en fonction chez un sous-traitant d’Amazon, ces trentenaires reconnaissent n’avoir jamais imaginé ce brusque changement.

Très éprises désormais du télétravail, ces entreprises inspirent aussi certaines institutions et ambassades. Ainsi, la Confédération Africaine de football et même la représentation diplomatique de la Belgique en Egypte, ont encore des employés exerçant depuis leurs domiciles.

Les masques usés décorent les rues

Les Cairotes respectent scrupuleusement le port du masque puisque leur santé est en jeu. Mais peu se soucient de protéger l’environnement. L’accessoire le plus utilisé en ce moment ne finit pas toujours dans une poubelle. En plein cœur du Caire, précisément à Ramsès, non loin de la station de Métro « El Shoada », des passants jonchent le jardin public et les terre-pleins de masques usés. On en compte plus d’une vingtaine, rien que dans la moitié de cet espace vert, pourtant régulièrement nettoyé. L’incivisme flagrant va coûter à la nature et à certaines de ses espèces. Un tour au bord du Nil, et le constat est abasourdissant. Des centaines de masques sont prêts à plonger. Mais « il y a pire », nous rappelle Ashraf, un propriétaire de bateaux de plaisance.

Habitué de canotage, cet Égyptien de 44 ans décrit en ses propres termes ce qu’il voit flotter un peu plus loin de la rive : «  le corona est arrivé quand, et les masques, c’est depuis quand ? L’eau est déjà remplie de masques. Ce que vous voyez ici sur le bord du Nil n’est rien. Allez un peu plus loin au fond de l’eau et vous verrez la présence de ces masques. Ça a sérieusement touché la beauté du Nil ».

Le masque chirurgical délaissé dans la nature

A Alexandrie, la deuxième ville du pays, c’est le même son de cloche. La mer méditerranée en prend déjà plein la figure. Plagistes, pêcheurs et plongeurs sont désormais habitués à voir ces masques usés, flottés dans l’eau. C’est une nouveauté qui inquiète depuis peu, et certains en sont très soucieux. « Si en seulement 6 mois ces masques ont traversé toute la ville pour se retrouver dans l’eau, je me demande ce qui va se passer en 1, 2 ou 3 ans. On y pense régulièrement », se questionne Mazen, un gestionnaire d’une plage privée.

La taxe Covid-19 s’impose à tous les salariés

Aussi, la pandémie du coronavirus a-t-elle modifié les salaires autant dans le secteur public que privé. Depuis le mois de juillet 2020, 1% de taxe est appliqué sur tout salaire net supérieur à 2000 livres égyptiennes [soit 71.000 francs CFA, ou encore 107 euros]. Cette décision émane de la loi approuvée par le gouvernement, à la mi-mai 2020. S’il s’agit selon un communiqué dudit gouvernement, de « faire face à certaines répercussions économiques de la propagation du coronavirus ». Cette loi est pourtant sévèrement critiquée. Sous couvert d’anonymat, un topographe s’insurge sans modération : « l’Etat retire 1% de nos salaires, prétendant que cela va aider réparer les dégâts économiques. C’est absurde. Ils avaient déjà mis l’économie à terre. Franchement, ce n’est pas nos 1% qui viendront sauver l’Egypte ».

Comme ce salarié du secteur privé, plusieurs autres Égyptiens se cachent derrière leurs profils « Twitter » pour exclamer leur ras-le-bol. Des retraités comme le Docteur Youssef [nom changé] s’en mêlent de vive voix car les primes de retraite sont aussi visées à 0,5%. « Où sont passés les 2,5 milliards d’euros que le Fonds monétaire international nous a accordé urgemment pour faire face aux problèmes économiques du coronavirus ? », se questionne-t-il.

Et comme il est difficile de protester librement en Egypte, la population apprend tout simplement à vivre avec cet autre dommage collatéral du Covid-19

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